Bataille et Trompette, chevaux de mine et Zéphyr - Emile Zola
Extraits de "Germinal" et de "La débâcle"
"Bataille et Trompette, chevaux de mine" et "Zéphyr" sont des extraits de "Germinal" et de "La débâcle", deux romans d' Emile Zola.
"Germinal" et "La débâcle" font partie du cycle des "Rougon-Macquart".
"La débâcle" narre la déroute de l’armée française, à Sedan, devant les Prussiens, durant la guerre franco-allemande de 1870. Le roman s'achève lorsque les deux personnages principaux se retrouvent à Paris dans des camps opposés lors de la Semaine sanglante.
Depuis le petit jour, Prosper ne faisait que pousser son cheval, dans des marches et des contremarches continuelles, d’un bout à l’autre du plateau d’Illy. On les avait réveillés à l’aube, homme par homme, sans sonneries ; et, pour le café, ils s’étaient ingéniés à envelopper chaque feu d’un manteau, afin de ne pas donner l’éveil aux Prussiens. Puis, ils n’avaient plus rien su, ils entendaient le canon, ils voyaient des fumées, de lointains mouvements d’infanterie, ignorant tout de la bataille, son importance, ses résultats, dans l’inaction absolue où les généraux les laissaient. Prosper, lui, tombait de sommeil. C’était la grande souffrance, les nuits mauvaises, la fatigue amassée, une somnolence invincible au bercement du cheval. Il avait des hallucinations, se voyait par terre, ronflant sur un matelas de cailloux, rêvait qu’il était dans un bon lit, avec des draps blancs. Pendant des minutes, il s’endormait réellement sur la selle, n’était plus qu’une chose en marche, emportée au hasard du trot. Des camarades, parfois, avaient ainsi culbuté de leur bête. On était si las, que les sonneries ne les réveillaient plus ; et il fallait les mettre debout, les tirer de ce néant à coups de pied.