Les aventures de la nuit de Saint Sylvestre - Ernst Theodor Amadeus Hoffmann
Nouvelle. Partie 1/2
« Les aventures de la nuit de Saint Sylvestre » (« Die Abenteuer der Sylvesternacht ») est une nouvelle d’Ernst Theodor Amadeus Hoffmann que l’on peut lire dans le volume 4 du recueil « Les Fantaisies à la manière de Callot ». Ce quatrième volume fut publié en 1815. « Les Aventures de la nuit de Saint Sylvestre » est fortement imprégnée de « L'Étrange Histoire de Peter Schlemihl ou l’homme qui a vendu son ombre » d’Adelbert von Chamisso.
« Il peut être fort agréable de se promener de long en large sous les tilleuls, mais non pas dans la nuit de saint Sylvestre, par un froid suffisant et une neige battante... C'est une réflexion que je fis étant nu-tête et sans manteau, quand je sentis un vent glacé envelopper mon corps tout brûlant de fièvre. Je traversai dans cet état le pont de l'Opéra, et passant devant le château, je me détournai et je pris par le pont des Écluses en laissant la Monnaie derrière moi. – J'arrivai dans la rue des Chasseurs, près du magasin de Thierman : les appartements étaient fort bien éclairés ; j'allais entrer, car j'étais transi de froid, et je sentais le besoin de m'abreuver à longs traits de quelque liqueur forte. En ce moment une société, tout animée d'une joie bruyante, se précipita hors de la maison : ils parlaient d'huîtres superbes et de l'excellent vin de la comète de 1811. « Il avait bien raison, s'écria l'un d'eux, que je reconnus pour un officier supérieur des hulans, celui qui l'an passé, à Mayence, pestait contre ces faquins d'aubergistes qui n'avaient pas voulu absolument, en 1794, lui servir de leur vin de 1811. » – Tous riaient à gorge déployée. J'étais allé involontairement quelques pas plus loin, et je me trouvais devant un cabaret éclairé d'une seule lumière. Le Henri V de Shakespeare ne se vit-il pas réduit un jour à un tel degré de lassitude et d'humilité, que la pauvre créature nommée Petite-Bière lui vint à l'esprit ? Dans le fait, pareille chose m'arriva : j'avais soif d'une bouteille de bonne bière anglaise, et je descendis rapidement dans le cabaret. »