Les romans de la table ronde – Paulin Paris
Extrait, Livre V, Lancelot chez la Dame du lac
Paulin Paris est un historien français de la littérature, professeur de langue et littérature du Moyen âge au Collège de France.
En 1868, il publie, chez Léon Techener, « Les romans de la table ronde : mis en nouveau langage et accompagnés de recherches sur l'origine et le caractère de ces grandes compositions » et narre ainsi, de manière plus accessible qu’un Geoffroy de Monmouth ou d’un Robert de Boron, la légende arthurienne.
En 1887, 6 ans après le décès de l’historien, la ville de Reims donne le nom de Paulin Paris à une rue (quartier Trois Piliers).
« Il n’avait pas fait grand chemin quand vient à passer un vavasseur sur un palefroi, la verge en main, et devant lui deux lévriers en laisse. C’était un homme déjà sur le retour d’âge ; aussi Lancelot s’empressa-t-il de le saluer. « Que Dieu, beau sire, vous maintienne et fasse croître ! répond le vavasseur ; qui êtes-vous ? — De ce pays. Mon enfant, vous êtes aussi beau que bien enseigné. Voulez-vous bien me dire d’où vous venez ? — De chasser, comme vous voyez ; je vous ferais part de ma venaison, si vous le souhaitiez ; elle ne saurait, je pense, être mieux employée. – Cher et bel enfant, grand merci ! une offre faite de si bonne grâce ne doit pas être refusée. D’ailleurs, le don vient bien à propos : j’ai marié ma fille aujourd’hui, j’étais allé chasser dans l’espoir de rapporter de quoi réjouir ceux qui sont de la noce ; mais je revenais sans avoir rien pris. » Le vavasseur alors descend, détache le chevreuil et demande à l’enfant quelle part il entend lui faire. « Sire, dit Lancelot, n’êtes-vous pas chevalier ? emportez le chevreuil tout entier, il ne peut être mieux employé que pour les noces d’une demoiselle. » »